Top Gun : Maverick


Type d’œuvre : film de grande production

Genre : guerre

Date : 2022

Auteur : Joseph Kosinski

Ce film est un de mes préférés. Il est proche de l’exceptionnel. 

Il y a des films qui sont au cœur de la culture d’un pays. Eh bien, ce film c’est l’Amérique ! 

Il est l’hériter du film Top Gun sorti en 1986 qui avait marqué une génération au niveau mondial. 

Je ne suis pas admiratif de la profondeur du script, une copie des films de guerre hollywoodiens. 

Mais les qualités résident surtout dans des prises de vue exceptionnelles : paysages et acrobaties aériennes. La puissance qu’on ressent en regardant les avions de chasse américain voler est très grande. Une grande partie des prises de vues ont lieu dans le porte-avion l’USS Abraham Lincoln. Mais aussi en Californie, au dessus de l’océan et dans des forets enneigées d’un pays voyou, qui fait penser à la Russie. 

Top Gun évoque un pilote en fin de carrière au palmarès impressionnant amené à enseigner dans une école d’aviation d’élite : Top Gun. Top Gun et ses membres doivent neutraliser une base aérienne et nucléaire ennemie. La cible est un défi considérable mais la mission est à la hauteur de leur audace. 

Ce film montre immédiatement, même pour quelqu’un de profane, que les États-Unis sont une puissance militaire et technologique extraordinaire.Les avions de chasse américains sont des monstres technologiques capables d’envoyer à Dieu des cibles en quelques seconde avec une précision chirurgicale. Il y a bien sur des milliards voire des trillions d’investissement qu’une puissance moyenne ne pourrait même pas en rêve s’offrir. Le vol des avions ennemis, probablement des avions russes MIG-35 au dessus d’un paysage d’Oural a aussi la majesté du faucon. En formation, les MIG-35 pilotés par des pilotes redoutables, avec leur masque à oxygène noir, semblent très puissants, maniables, et rapides. 

Les dialogues sont aussi une qualité forte du film. Des dialogues inspirants et positifs, pleins d’energie et de combattivité. Une citation que j’aime bien est la suivante : « Rear Admiral: The end is inevitable, Maverick. Your kind is headed for extinction. Maverick: Maybe so, sir. But not today. ». Une autre est « Everyone here is the best there is. » Ou enfin «  “Trust your instincts. Don't think. Just do.”. 

Ce qui marque quand on regarde le film sont les efforts menés par les pilotes pour se préparer tactiquement aux missions, pour supporter la force G des avions et pour accomplir des vols en évitant la mort et touchant les cibles. Donc de la technique mais aussi beaucoup de sueur en perpective ! 

Enfin, ce film véhicule des valeurs américains très fortes : le courage déjà, l’esprit d’équipe ensuite, le dévouement pour une cause et son pays et enfin la conviction que l’optimisme, et la volonté sont toujours des gages de succès partiel ou totale. On est loin de certains films français qui par volonté de « réalisme » n’ont que la défaite à la bouche. 

Top Gun est un hymne à l’Amérique. Cet Etat si humble au XVIIIe siècle a su par une immense force morale à accomplir sa destinée manifeste. Je ressors de ce film avec plein d’énergie et de motivation ! 

Chroniques d'Haïfa - Histoires palestiniennes


Type d’œuvre : film indépendant

Genre : drame

Date : 2024

Auteur : Scandar Copti

Ce film aborde la vie d’une famille Palestinienne à Haïfa. 

J’ai beaucoup aimé ce film. Il a ce qui s’appelle du charme et de la personnalité. 

Même si j’ai de la famille en Israël, je connaissais très mal Haïfa. La ville telle que présentée dans le film est pleine de chaleur et de vivacité et est méditerranéenne. Je connaissais bien la situation politique en Israël et Palestine mais pas ce que les gens vivent dans leur quotidien. 

Ce film, et c’est son avantage, parle de la réalité. Il est très loin de Netflix et d’Hollywood. On y voit de la vraie joie mais aussi des préoccupations, de la tristesse et de la détresse. Il ne montre pas la vie au jour le jour mais des moments charnières que nous vivons tous d’une manière ou une autre. 

La film est divisé en plusieurs passages qui abordent des moments de crise et de décisions majeures. 

La famille Palestinienne est une famille assez commune mais ils ont des caractères assez affirmés et expressifs. 

Dans une des scènes on voit une femme la vingtaine, vraiment belle, et vive, qui annonce à son petit-ami qu’elle est enceinte. Il veut qu’elle avorte et elle ne le souhaite pas. Le film montre bien ce que ressente les personnages. Et les on voit très bien que dans la vie les décisions demandent du temps et sont rarement faciles à prendre. 

Dans une autre scène, on voit un homme la trentaine qui réfléchit avec ses proches et des professionnels à une manière de se défendre légalement. Les affaires l’ont amené à enfreindre les règles. Les réunions montrent des préoccupations fortes et besogneuse pour avancer une ligne de défense crédible et composer avec les difficultés. 

Dans une troisième scène une femme assiste à un rendez-vous de médecin et apprend que l’enfant qu’elle attend, un grand espoir pour elle, ne vivra pas faute de coeur viable. Malgré l’empathie du médecin la nouvelle frappe fort. 

Une autre scène montre la famille Palestinienne obligée de mettre en vente leur belle maison étant donné leur mauvaise finance. La mère est très peinée et ne cache pas ses cris et larmes. Le père est résigné. 

Dans une dernière scène une femme doit rompre avec son petit-ami. Sa mère est furieuse mais elle le dit elle-même « dans la vie beaucoup de chose ne se font pas ». Quand elle rompt dans la rue d’Haïfa les sirènes de la guerre retentissent et les gens s’arrêtent et deviennent immobiles comme des statues. La jeune femme continue d’avancer triste mais déterminée. 

Un des messages principaux du film est la résilience. Résilience qui est évidente tant en Israël qu’en Palestine et où il faut savoir encaisser les peines et avoir la patience que demande la vie. Ce film se plonge donc dans des vies orageuses mais qui forment une histoire loin d’être dénuée de beauté et de puissance. 

Tenir à tout prix, Dunkerque


Type d’œuvre : Documentaire

Genre : guerre

Date : 2017

Auteur : Arte

J’ai aimé ce court documentaire même s’il n’est pas exceptionnel. 

Il se penche sur la bataille de Dunkerque de juin 1940. 

Les Français se croyaient protégés pendant la drôle de guerre des offensives allemandes derrière la ligne Maginot. La ligne Maginot, à l’image des fortifications Vauban (XVIIᵉ siècle) était très bien faite. La France de l’époque de Vauban n’a pas été envahie. La ligne Maginot en 1940, quant à elle, rendait la frontière avec l’Allemagne infranchissable. 

Les Allemands, possédant une supériorité aérienne, l’ont bien compris et attaquent par le Benelux avec une stratégie éclair. 

Contrairement à l’idée qu’ils ont baissé les bras, les Français se battent. Mais les Allemands, avec notamment leur Panzer, les acculent à la Manche. Un demi-million de Français, de Belges et de Britanniques sont pris au piège. Ils sont en nette infériorité numérique à un contre deux. Mais surprenamment les Allemands s’arrêtent et n’utilisent pas l'avantage que donnent les circonstances pour écraser l’ennemi. L’ordre d’arrêter le combat vient d’Hitler lui-même. La France a bien été foudroyée par l’armée allemande, mais les Allemands ont une victoire à la Pyrrhus. 

Le document énonce alors que tous les évènements de l’histoire sont interconnectés. Il suffit de changer un évènement pour changer tous les autres. Le point où les Allemands s’arrêtent et décident de ne pas attaquer s’appelle un point de divergence. Un point de divergence est un moment clé, un carrefour de notre histoire où notre monde peut basculer d’un côté ou de l’autre. 

Si les Allemands avaient pourtant continué leur avancée implacable, ils auraient détruit très certainement les forces alliées et la face du monde et de la Seconde Guerre mondiale aurait changé. Les Anglais auraient probablement négocié la paix. Ce choix est considéré comme une des plus grandes erreurs stratégiques d'Adolf Hitler. 

Au final les soldats alliés se battent avec acharnement et héroïsme. L’état-major français demande aux unités françaises de tenir la ligne quoi qu'il en coute. 347 000 hommes sont évacués vers le Royaume-Uni. Malgré les pertes, l’opération nommée Dynamo est une victoire. Les Français ont été loin de se laisser faire dans des combats d’une rare violence. 

Les soldats alliés n’ont peut-être pas vaincu les Allemands à Dunkerque, mais ils ont gagné du temps. Gagner du temps a permis que le Royaume-Uni continue le combat et que le régime nazi soit vaincu quelques années plus tard. 

Philippe Pétain sera le partisan du défaitisme et capitulera, mais heureusement nombre de personnes, dont Winston Churchill, ont cru fermement qu’un autre destin était possible pour l’Europe et le monde. 

My Oxford Year


Type d’œuvre : film

Genre : film romantique/drame

Date : 2025

Auteur : Netflix, Iain Morris

Cette série Netflix m’a apporté un beau moment propre à la méditation.

My Oxford Year évoque une jeune femme latino-américaine, très belle, qui vient étudier la poésie à l’université d’Oxford puis souhaite travailler à Goldman Sachs. Elle y rencontre un professeur de poésie trentenaire et tous deux développent une idylle.

On sent qu’étudier à Oxford a dû être pour ses alumni un moment presque sacré, d’élévation intellectuelle et esthétique. Cela m’a rappelé mes années en business school en France.

La jeune femme américaine s’éprend de la poésie et ces moments sont très beaux. Ce n’est plus alors une prise de vue de série mais comme une peinture ou une belle mélodie.

La poésie évoque principalement la beauté de la vie et sa fragilité. J’ai retenu certaines phrases de poésie qui m’ont marqué positivement : « Poetry can be taught but it should also be lived. » « Poetry can allow you to change your life. » « Forever is composed of now » et enfin « The important is not the length of time you spend in life but what you do with it. »

L’idylle entre la future Goldman Sachs et le professeur est belle mais très commune. Jusqu’au milieu du film, le scénario et les personnages semblent superficiels et peu dotés en maturité, plus portés vers une insouciance naïve. On apprend néanmoins que la jeune femme veut travailler en haute finance car elle a pâti d’une situation financière inconfortable étant jeune, ce qui explique sa combattivité.

La série prend un tournant quand elle apprend que son bien-aimé est porteur d’un cancer l’emmenant progressivement vers la mort. Elle restera à ses côtés courageusement jusqu’à sa mort. Quand il mourra, la série montre très bien le poids sur le cœur de l’absence de l’être aimé. Sa présence hante les lieux d’un voile triste mais sublime.

La série n’a pas le caractère exceptionnel de films comme Interstellar ou Titanic, qui relèvent du chef-d’œuvre. Mais cette série, par sa lenteur, par ses scènes belles et calmes, apporte de la sérénité. Certaines séries paraissent grandes par le budget ou la puissance du scénario mais on en ressort diminué. Parfois un simple coucher de soleil vaut mieux qu’un film à 100 millions de budget.

À la fin du film, je regarde à nouveau l’affiche de Oxford Year et l’attirance pour le prestige, légitime et sain, laisse place à la tristesse mais aussi à la beauté et à la force de certains parcours de vie.

Materialists


Type d’œuvre : film

Genre : comédie romantique

Date : 2025

Auteur : Céline Song

Ce film de Céline Song fait figurer l’actrice Dakota Johnson en tant que matchmakeuse amoureuse à New York.

Le titre du film donne l’apparence d’une éloge de la société matérialiste mais est en réalité très critique. Il reste néanmoins prudemment optimiste sur la société et l’amour.

Ambitieuse, déterminée, elle travaille avec une efficacité très corporate. Elle récolte les souhaits des clients pour leur futur partenaire et les met en relations avec la meilleure offre.

Avec humour, on voit les clients émettre leur souhait comme on achète une chemise ou qu’on fait les courses : taille, salaire, métier, habitudes, etc. Dakota Johnson crée les matchs en calculant la meilleure probabilité mais sans âme. Exactement comme le ferait une intelligence artificielle. On est frappé par le côté cru des demandes des clients et leur cynisme. Il n’y a plus de poésie. Il n’y a pas non plus d’attention à l’autre.

Elle-même rencontre un homme qui vaut un 10/10 selon les critères de l’entreprise de matchmaking et possède tous les attributs positifs y compris la richesse. Elle finit par sortir avec lui. Son ancien copain pauvre en souffre mais l’aime quand même.

Elle finira par être désabusée par son entreprise de matchmaking après des harcèlements de la part de clients mais également car ses critères ne prennent pas en compte le plus important : le caractère d’une personne.

Elle finira, comme dans un ancien film hollywoodien, par sortir avec l’homme pauvre mais imparfait. Le match parfait pouvait tout avoir mais manquait du plus important : l’amour.

Au final, j’ai trouvé ce film beau et réconfortant. Notre époque tend à valoriser le matérialisme et les histoires moins « sages » jugées plus réalistes. Mais parfois il est beau de voir tant le verre à moitié vide de la société : nous jugeons sur des critères froids et terre à terre. Et le verre à moitié plein : l’amour est une chose à entretenir même si cela demande patience, efforts et confiance.

En première ligne


Type d’œuvre : film

Genre : drame

Date : 2025

Auteur : Petra Volpe

Quand j’ai vu l’affiche de ce film près de Bercy, je me suis immédiatement dit que je voulais le voir. C’est une belle déclaration d’amour aux infirmières.

Pendant les années Covid, en 2020, j’avais eu le malheur d’être hospitalisé en soins intensifs pour un problème de cœur et j’avais pu apprécier des infirmières au comportement humain exceptionnel. Cela m’avait marqué. Pendant le Covid, elles étaient véritablement en première ligne.

Dans ce film En première ligne, on suit les pas d’une jeune infirmière au sein d’un hôpital moderne, mais au rythme d’enfer. Cette infirmière est vraiment de bonne volonté, mais proche du surmenage. Elle est l’incarnation de la bonté, du courage et de l’empathie.

On comprend que le métier d’infirmière est très difficile, tant par la technique demandée que par la charge émotionnelle et humaine requise pour soigner. À mon sens, c’est un des métiers les plus difficiles, comme la plupart des métiers de soins, mais aussi l’un des plus beaux.

Pendant le film, on assiste à des scènes vraiment dures. On voit des patients très malades et même parfois proches de la mort. On sent la détresse, la misère, mais aussi l’envie de liens et de fraternité. L’hygiène est parfois déplorable et on est loin d’Instagram. Mais, au risque de choquer, je dirais que, d’une certaine manière, le laid, c’est le beau, comme disait Hugo.

Ce qui marque aussi dans le film, c’est qu’il ne décrit pas des scènes héroïques comme dans Homère ou Hollywood, mais plutôt la banalité du quotidien. Avec les mêmes gestes, les mêmes efforts, la même sueur, faits chaque jour avec patience, parfois avec amour. La constance demandée par les métiers du soin est un des points qui les rendent les plus valeureux. Ce n’est pas Omaha Beach, c’est jour après jour une infirmière qui soigne une personne atteinte de cancer, parfois sans témoin.

J’ai, en revanche, peu aimé quand l’infirmière rechigne à soigner une personne aisée du fait de son impolitesse. Je suis de ceux qui pensent que l’universalité du soin doit être appliquée systématiquement, sinon le système devient fou.

Enfin, j’aurais aimé que le film aborde davantage de moments de joie et lumineux du quotidien des infirmières. Ce métier est fait d’ombres, mais aussi de vraies lumières. Je pense, par exemple, au sourire d’hommes et de femmes qui sortent sauvés par une équipe médicale. Je pense, enfin, à l’esprit d’équipe et à la stimulation intense qui sont vraiment bons pour soi et son développement.

Au final, on ressort grandi du film et avec un respect empreint de gravité pour cette vocation.

Coast Guards


Type d’œuvre : film

Genre : aventure

Date : 2006

Auteur : Andrew Davis

Le film, sorti en 2006, a pour héros principaux Kevin Costner et Ashton Kutcher.

Kevin Costner est un expert du sauvetage en mer, au sein des fameuses United States Coast Guards. La cinquantaine, son palmarès professionnel lui fait honneur. C’est un homme de la trempe des héros, et tant de vies ont été sauvées grâce à lui. Cependant, son mariage est un naufrage et sa dernière opération de sauvetage a tourné au cauchemar. On l’envoie donc pour un temps dans un centre de formation d’excellence en tant qu’instructeur.

Au sein de ce centre, il rencontre de nombreux élèves, dont Ashton Kutcher, un jeune homme admis en Ivy League et athlète de natation. Une rivalité se crée au début, puis ils apprennent à respecter la persévérance et les exploits de l’autre, ainsi que leurs zones d’ombre.

La formation est intense, un peu à l’image des Marines, et les élèves fatiguent sous la pression et les efforts demandés. Cependant, l’ambiance est bonne et tournée vers le dépassement positif typiquement américain.

Les élèves évacuent la pression, comme dans toute école du monde, dans les bars et en viennent souvent aux mains. Doucement condamnés par leurs instructeurs, ils montrent en réalité des qualités louables, qui témoignent de la force mentale qu’ils ont forgée. L’amour aussi, en parallèle de leur école, vient avec élégance, comme une récompense.

Au sein de la formation, on leur apprend des techniques physiques bien sûr, mais aussi mentales et humaines. Par exemple, on leur dit une phrase marquante : « Un jour, vous devrez choisir la personne que vous devrez sauver. » Ces leçons, apprises à la formation puis après en mer, sont inestimables et montrent les hommes d’exception qu’ils sont en train de devenir, au prix de sacrifices.

En mer, les flots sont impressionnants, la peur est sur tous les visages et la mort rôde. On voit les professionnels sauter de l’hélicoptère, nager et sauver en situation de flow, totalement concentrés et boostés par l’adrénaline. Quand ils sauvent des hommes et des femmes, on sent la grandeur des Coast Guards.

Au final, j’ai beaucoup aimé ce film, même si ce n’est pas un chef-d’œuvre. Passionné par les États-Unis, j’aime quand les individus accomplissent ensemble l’exceptionnel pour une cause plus grande qu’eux, tout en gardant un fort penchant pour l’individualisme. Les Coast Guards m’incitent à devenir comme eux dans ma vie : porté par une volonté inébranlable.

Parthenope


Type d’œuvre : film

Genre : Drame

Date : 2024

Auteur : Paolo Sorrentino

J’ai vu ce film comme pris d’inspiration, comme on va voir une œuvre d’art, et je suis ressorti avec sérénité.

Il s’intéresse à la vie de Parthenope, dans l’Italie du Sud de la seconde moitié du XXe siècle : ses études brillantes, ses amours, et ceux d’une jeunesse dans un été qui n’en finit pas.

Ce film, déjà, est un hymne. Un hymne à l’honneur de l’Italie, et surtout de Naples, palpitante de chaleur, de sensualité et de mouvements. Parthenope est d’ailleurs l’incarnation de Naples avec ses travers comme ses splendeurs.

Le film n’est pas à voir comme une histoire linéaire, mais plus comme une succession d’aquarelles, d’impressions à forte composante onirique.

« La beauté sauvera le monde », disait Dostoïevski. Eh bien, la beauté est bien prégnante. Comme si la beauté était capable de transmettre des messages sur l’existence et les chemins de vie. Beauté des paysages, beauté des personnages, avec une Parthenope vive et idéale de la femme italienne. Elle se fond avec la ville. Elle fait partie du tableau.

La liberté est aussi omniprésente. Les personnages sont emportés par leurs ressentis et par quelque chose de plus grand qu’eux, comme le mouvement des vagues de la Méditerranée au bleu azur.

Amour, enfin. On voit l’autre comme dans un miroir. Alternativement, et comme un jeu, les personnages s’observent parfois au dépourvu. L’amour est fait de regards, de sensualité, et de gestes pleins de tendresse. On voit donc un amour et une sexualité faits de joie, d’art et de douceur. L’amour est peut-être une perte de temps, ou peut-être sert-il à mieux supporter la vie.

Enfin, ce film est un monde d’émotions : des larmes versées aux joies futiles ou importantes. Ces émotions sont des ponts pour des liens profonds avec l’autre.

J’ai particulièrement apprécié une scène d’amour et d’union où la sensibilité et l’attention permet d’admirer le temple qu’est le corps, sa grâce et ce que ces mouvements renvoie de profonds.

La culture est faite de constructions matérielles, mais aussi — comme le rappelle le film — spirituelles. Le temps figé du film, lent, très lent, qui énerverait certains, est en réalité un moyen de sortir de notre temps et de parvenir à la nostalgie, à la contemplation, à l’universel.

À son image

Type d’œuvre : film

Genre : Drame

Date : 2024

Auteur : Thierry de Peretti


À son image, le chant du peuple Corse

À l’heure de l’intelligence artificielle, comment écrire une critique de film qui ait de la valeur ?

Eh bien, souvent, la valeur réside dans ce qui différencie la machine de l’individu, sa capacité à ressentir et à avoir lui même vécu des expériences subjectives, pleines d’erreurs et de révélations.

Le film aborde de façon vibrante, les épreuves qu’un peuple, le peuple corse, a surmontées dans la douleur, la tradition et l’abnégation.

Ce film, À son image, est une adaptation du réalisateur Thierry de Peretti du livre éponyme. L’actrice principale Clara-Maria Laredo, 21 ans, Corse, joue ici son premier rôle, est engagée en politique et est autonomiste. Ce film est son combat.

Emprunt de mélancolie, il transmet un message profond. C’est une plongée dans les années 80. Nous suivons les pas d’Antonia, jeune Corse pleine de douceur et d’énergie, qui vit le grand amour avec un indépendantiste du FLNC. Elle est photographe pour Corse-Matin et ses images gravent dans la mémoire collective les grandes heures du mouvement. On est amené à assister impuissant à une violence assourdissante et à une tombée en enfer des héros maudits. Cette violence contraste avec l’apparente innocence d’Antonia qui se compromet en prenant ses photos. Sa conscience parlera et elle fera ses adieux après que son compagnon ait passé tant de temps en prison.

On pourrait être admiratif devant le courage de ces Corses qui se battent avec vigueur. Ils risquent leur vie pour la défense de l’identité corse, un peuple qui ne veut pas mourir. Il faut « se tenir droit », tel est leur destin. Ils ne veulent pas de la puissance coloniale vomie sur leurs côtes. La sève des pins de la Corse coule dans leurs veines.

« Mais est-ce ça être un homme ? », lance avec vivacité Antonia. Je n’ai pas le droit, moi Jean Rosset, en tant qu’homme, de soutenir ce mouvement pourri à la racine. Ils ont commis de grandes fautes et la violence n’est jamais acceptable. La lutte par le verbe et le dialogue prend plus de temps, de patience, mais construit un édifice avec des bases viables.

À son image a une forte dimension morale qui est prégnante dans l’esprit des combattants. Comme toute réflexion morale, la difficulté réside dans les zones grises, le moment où les choses semblent floues, où des compromissions semblent nécessaires. Chacun de nous, qui que nous soyons, portons en nous cette tension entre compromissions et droiture.

Le film rappelle aussi la tension que le monde connait aujourd’hui. Une tension entre la mondialisation extrême avec ses Jeff Bezos, McDonald’s et ChatGPT et de l’autre le chant du cygne des identités régionales.

Le mouvement indépendantiste corse a connu les mêmes ressorts que la plupart des cultures ayant lutté par le passé pour leur survie. Certains ont choisi le bon chemin. Mais d’autres sèment un chaos qui gangrène le monde, de la Russie de Poutine au Hamas en Palestine.

Le fait qu’Antonia soit photographe n’est pas anodin. C’est un miroir de la société où il y a une prise de distance du flot agité du monde et une compréhension de la condition humaine. Les photographies expriment à la fois les actions clairement apparentes et les messages cachés. Nous sommes les yeux d’Antonia qui voient et ressentent l’histoire. La vie est fragile, mais puisque nous la vivons, que notre cœur bat, que nos pensées s’agitent, nous sommes responsables.

Le titre du film, À son image, est sibyllin. Il est probablement un appel à ressembler au Créateur.

Le film se clôt par une musique corse d’une grande puissance et charge émotionnelle. C’est la voix de la liberté et du courage. Cette époque est révolue, la sérénité règne dans l’île, mais ses idéaux lui ont survécu et des milliers de Français en ont hérité. E per tutta a Corsica : libertà !