Au nom de tous les miens

Martin Gray

1971

Ce livre est une vieille lecture du temps de mes années de lycée. Mais je me rappelle l’avoir aimé particulièrement.

Il suit les pas du jeune Martin Gray issue d’une famille juive polonaise pendant la seconde guerre mondiale. La Pologne est alors à terre.

Dans le ghetto de Varsovie, adolescent il doit faire face à une armée nazie qui impose privations et humiliations aux résidents. Malheur aux vaincus.

Les allemands avaient alors un idéal de dureté au mépris total de l’humanité. C’était des bêtes à visage d’homme.

Martin voit ses confrères démunis face aux malheurs mais lui est plein de ressources et de combattivité. Il a l’énergie du diable en lui. Il est ce qu’on appelle en anglais « street smart », une vraie intelligence appliquée aux choses de la vie. Ses ennemis lui ont, involontairement, donné une arme : l’égoïsme. Quand il sera plus âgé il saura aussi passer des moments magiques avec des femmes tendres et brulantes, des parenthèses à ses combats. Il lie aussi amitié avec des truands : « ils sont ceux qui savent ».

Plus tard, il ne pourra aller contre son destin et lui et sa famille iront dans un camp de la mort. Sa famille mourra mais lui s’en échappera en alliant audace et rapidité de décision. On pense vite en situation d’adversité.

Il rejoindra la résistance polonaise au cœur des froides forêts. Il sera avec ses frères luttant pour une cause juste. « Je suis un homme. Je combats ». Il a la résistance de la pierre .

Puis la fin de la guerre l’emmènera vers la grande Amérique où il fera fortune dans le commerce de belles porcelaines. Il aura tout à construire. La vie lui a appris qu’il ne faut jamais cesser de courir. 


Crachant sur l’Infortune, il fondera une famille, « la revanche de tous les miens », avec Dina, une femme douce « qui voulait le bien des autres » « Chacun de ses gestes étaient un acte d’amour ». Tout s’ordonne. Il aura des enfants pour nouer la chaine.

« Il faut faire confiance à la nature ».

Quand l'Enchanteur vint au monde

Jean d’Ormesson

2025

Je me souvenais de Jean d’Ormesson comme un piètre écrivain mais bon orateur. Je me suis trompé. Sa plume est vraiment belle. Elle a une élégance toute française, très Grand Siècle.

Quand l’enchanteur vint au monde décrit la vie de François-René de Chateaubriand avec de belles touches de joie et d’optimisme.

« Il y a quelque chose de plus fort que la mort, c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants ».

La vie de Chateaubriand (1768-1848) est spectaculaire, digne des héros antiques et j’aime sa personnalité faite à la fois de sensibilité et de puissance, de courage et de gloire.

Chateaubriand c’est l’apogée du Romantisme. C’est une vie d’écrivain et d’homme politique exceptionnelle.

Chateaubriand c’est aussi une vie sentimentale éparpillée mais passionnée. Il dira d’une des femmes qu’il a aimé « son souvenir est pour moi une des plus belles choses du monde ». Le plus grand amour de Chateaubriand fut Juliette Récamier. La femme la plus fidèle et qui fut là jusqu’à la fin.

Il a eu des périodes de sa vie peu fécondes faites d’amertumes comme son temps à Londres.

Puis vint la gloire qui ne va pas sans moqueries et critiques.

L’auteur du Génie du Christianisme est aussi inséparable du destin de Napoléon. « Les comètes décrivent des courbes qui échappent au calcul ; leurs lois ne sont connues que de Dieu. Les individus extraordinaires sont les monuments de l’intelligence humaine ; ils n’en sont pas la règle ».

Chateaubriand aimait mieux l’idée et l’espoir que la réalité.

« Infidèle et fidèle, on peut tout dire du vicomte de Chateaubriand. Tout. Ou presque tout. Ce n’était pas un médiocre. »

Les algorithmes

Aurélie Jean

2024

« If you can’t explain something in simple term, you don’t understand it » Richard Feynman, prix Nobel de physique

J’ai voulu me procurer ce livre pour étudier un des enjeux les plus importants de notre époque qui nous concernent tous.

L’auteur Aurélie Jean est une chercheuse star, spécialiste en modélisation algorithmique. 


Aristote énonçait qu’il faut de la logique pour comprendre le monde et le catégoriser.

Dans la science des algorithmes, il y a ce qui s’appelle l’arbre des décisions. Il est un arbre aux branches qui dessinent les différents chemins aussi appelés rameaux dans la métaphore botanique vers les chemins possibles, les feuilles.

Rappelons-nous d’Isaac Newton qui a énoncé sa deuxième loi : exprimant la force appliquée à un objet d’une certaine masse soumis à une accélération. Selon la légende, il aurait observé pour ça la chute d’une pomme.

Les langages de programmation sont tous construits sur une grammaire dite formelle constituée d’une syntaxe, d’éléments de vocabulaire particulières.

Les capacités de calcul des machines augmentent avec le temps.

Le mathématicien John Newman avait prédit l’existence d’un futur où les machines dépasseraient les capacités humaines, ce qui aurait des conséquences imprévisibles et irréversibles sur l’esprit humain.

En terme de prédiction, nous pouvons citer l’exemple du supercomputer DeepBlue d’IBM qui a affronté et gagné en 1997 contre le champion mondial d’échecs Garry Kasparov. Il évaluait en parallèle du jeu dans un arbre toutes les combinaisons possibles. À un moment, Garry Kasparov a senti une force surhumaine. En réalité, DeepBlue n’ayant aucun déplacement possible a décidé de réaliser un coup aléatoire, ce qui perturba le champion.

De nombreuses études ont démontré les effets des outils embarquant des algorithmes de recommandation et basé sur un modèle économique dit de l’attention (comme celui des réseaux sociaux). Les recommendations ont aussi le problème d’enfermer dans une bulle d’observation du monde.

Pour conclure, je dirais que la révolution est spectaculaire, mais qu’il existe une menace claire sur notre libre arbitre.

Frankenstein, ou le Prométhée Moderne

Mary Shelley

C’est un très beau livre bien que sombre.


Un savant londonien nommé Dr Frankenstein au XVIIIe siècle est versé dans les sciences et la chimie. Il a un projet fou et grandiose : créer de toute pièce en manipulant de la chaire artificielle un être humain. Un pur produit de la science. Il passe de longues années dans un travail torturé et fiévreux, éloigné du commun des mortels. Cependant, cet être s’avère par erreur avoir une apparence difforme et monstrueuse. Dr Frankenstein fuit sa création. Même ses instruments le révulse.

Le monstre créé s’en va dans le monde mais ne rencontre que du rejet de la part des êtres humains. Il se sent si différent. Il se réfugie dans la montagne où il observe une famille si belle et paisible
dans une chaumière lovée contre une foret de sapins. Elle forme un tableau plein de chaleur sereine. Un vieillard, et un jeune couple vivent là. Le monstre constate avec le temps qu’ils sont tristes et vivent dans le dénuement et la simplicité. La faim brouille leur entraille mais ils sont pleins de tendresse les uns pour les autres. Le monstre les aide en cachette puis décide de leur parler. Il ne
rencontre que de la peur de la part de cette famille. Le monstre voyant que sa bienveillance ne rencontre que haine et qu’il n’est pas accepté par les êtres humains décide de se venger.
Il fait plusieurs victimes et deviens un meurtrier. Son créateur le Dr Frankenstein en est horrifié.

Le Dr Frankenstein souhaite se marier avec une femme pleine de tendresse et de douceur nommée Elizabeth. Ils s’entendent vraiment bien, comme des amis d’enfance. Cela apaise la douleur du Dr qui est vive et plein de remord de sa création. Finalement, les proches du Dr sont tués dont Elizabeth.

Le Dr Frankenstein poursuit le monstre jusqu’au bout du monde malgré le froid et la glace. A la fin du livre il est avec un équipage à moitié fou et délirant. L’équipage veut rentrer en Angleterre. On a alors des forts doutes sur la santé d’esprit du Dr Frankenstein. Il a perdu le sens. Le monstre n’a t il pas été inventé par son esprit et existe-t-il vraiment ?

La Traversée de la nuit

Geneviève de Gaulle Anthonioz

The Art of War

Sun-Tzu

Le mage du Kremlin

2022

Giuliano Da Empoli

Ce livre relate les aventures imaginaires d'un conseiller de Vladimir Poutine en Russie.

C'est un roman tant politique que psychologique à mi-chemin entre le Prince de Machiavel et une biographie de personnage historique.

L'auteur Giuliano da Empoli a lui même été conseiller de Matteo Renzi, ancien premier ministre Italien.

L'écriture est agréable à lire et l'auteur est de bonne mentalité. Il est aussi plein de conseils de vie étonnamment perspicaces et lucides.

L'auteur aborde déjà comment le conseiller a pu atteindre les hautes sphère du pouvoir. À travers une histoire d'amour mais aussi familiale et de cheminement personnel. Est décrit le goût pour l'argent de certains oligarques avec leur propriété sur la côte d'Azur et leur Mercedes noire.

L'esprit des russes et du pays est bien décrit. Un esprit fait de caractère fort et de lutte contre l'adversité. La recherche du succès n'est pas qu'un amour fou pour l'or mais une question de résilience au milieu de l'hiver.

Vladimir Poutine est décrit avec des termes à la fois flatteurs et durs. On le voit acec un mental d'acier et qui a été essentiel pour le pays pour remettre de l'ordre, de la sécurité et une économie florissante. Mais c'est aussi un homme implacable pour qui la lutte pour le pouvoir enlève une grande partie de son humanité.

Le roman aborde bien l'idée que pour échapper à l'adversité il faut de la force et du réalisme et non une morale trop grande qui freine. Cela semble vrai tant pour les individus que pour le pays Russe.

L'auteur ne se met pas totalement du côté des russes mais on apprend à se mettre en tant qu'occidental aussi de leur côté.

L'avantage du régime russe semble malgré sa froideur et ses crimes son attention pour la verticalité du pouvoir. le Tsar donne une impulsion puissante et qui fédère tout un pays et l'égalité n'a pas toujours du bon.

Le roman montre bien enfin à l'ère d'information de masse l'importance d'allier tradition et adaptation à la modernité.

Lire ce livre ne me fait pas un soutien de Vladimir Poutine, loin s'en faut, il reste à mon sens un criminel de guerre mais l'occident doit comprendre ses ennemis, sans baisser la garde.

Beren et Lúthien

J.R.R. Tolkien, édition établie par Christopher Tolkien

2017

J.R.R. Tolkien est un de mes auteurs préférés, si ce n'est mon auteur préféré. Je juge la saga du Seigneur des Anneaux comme étant exceptionnelle.

Tolkien fut un professeur d’anglosaxon à l’université d’Oxford. Il est parvenu à créer des mondes de science-fiction d’une richesse d’imagination sans pareille. Peu d’écrivains rivalisent en force imaginative. On peut citer J.K. Rowling et C.S. Lewis.

Je trouve que Tolkien est une personnalité intellectuelle paisible même si une part de sa vie fut violente avec son rôle de soldat pendant la Grande Guerre.

C’est l’histoire d’une elfe et d’un homme qui vivent une histoire d’amour interdite. Beren, plein d’amour pour Lúthien, est emprisonné dans une contrée lointaine et Lúthien décide avec courage et énergie de venir le délivrer. L’héroïne connait mille périls et voit des mondes et des êtres aussi bien lumineux que très sombres. L’histoire d’amour entre Beren et Lúthien est loin d’être linéaire et facile mais est pure. L’amour est très chevaleresque et chacun d’eux n'obtient l’amour qu’au prix d’une longue quête. Malgré les doutes, ils finissent par pouvoir forger le lien et laisser venir la lumière.

Le décor de ce livre respire la beauté et la féerie. J’apprécie vraiment les descriptions de forêt enchantée où la magie et les créatures règnent. On sent l’esprit nordique et médiéval. Arbres tentaculaires, chemin couvert de mousse, brume, danse qui fait venir le sommeil, cheveux de femmes hypnotisants et pleins de douceur, guerriers plein de puissance et de gloire : voici un monde de profondeur.

Avec ce livre on est porté vers des sentiments élevés, vers le beau et la gloire. Comme la chanson de Roland, elle nous montre que nous pouvons choisir d’entrer dans la féérie. C’est aussi un appel à imaginer. L'amour pour une femme peut revêtir une magnifique poésie avec une héroïne comme Lúthien, porteuse de qualités dignes des plus belles reines du monde médiéval.

Legacy

David Borek, Tomas Carba, Alexandr Koráb

Septembre 2025

J'ai voyagé à Prague en 2017 pour une semaine. J'ai adoré la ville qui était paisible, pleine de culture et où l'on sentait une identité tchecoslovaque forte et belle.

Pendant ce voyage, j'ai visité notamment le Musée du Communisme puis ai acheté ce livret d'un collectif d'experts à la fin.

Ce livre raconte l'histoire du communisme et notamment l'impact qu'il a eu à Prague. le livre est assez simplement écrit et d'un niveau intellectuel bas. Cependant sa simplicité est aussi une force et sa prise de position forte contre le communisme aussi. On a besoin tant d'objectivité que de prise de position courageuse.

Le communisme est apparu à une époque très violente où les injustices abondaient comme des cancers. Le communisme comme le nazisme ne furent que l'expression d'une violence présente de la société. Une violence qui avait besoin de se déchaîner, et ce fort malheureusement.

Le communisme en tant qu'idéologie ne semble pas aussi pire que le nazisme. Ce n'est pas une culture de mort ni de haine totale. Cependant le contraste est total entre d'un côté des voeux pieux d'une société sans classes et égale et la tyrannie et l'oppression qui en ont suivi.

Le livre dépeint très bien l'impact du communisme sur les libertés. Les pouvoirs en place se déchaînaient contre tous les opposants aux régimes et le peuple n'avait pas son mot à dire. L'enfer est pavé de bonnes intentions.

Économiquement, le système communiste ne fonctionnait pas. Il faut louer les techniques de planification et de mobilisation de la société vers des objectifs communs. L'élan collectif et les grands projets est un des points forts du communisme. Mais le capitalisme a largement montré une supériorité économique. le système qui se voulait pallier les injustices de l'Ouest était en réalité beaucoup plus injuste.

En tant qu'Occidental, je suis aussi choqué par le manque de transparence. Certes nous savons tous que la Raison d'État est parfois nécessaire mais quand une société est vérolée par le mensonge elle ne tient pas et implose.

Quand le peuple se lèvera à Prague et ailleurs contre l'URSS, la liberté reviendra et un air bon soufflera de nouveau.

Je sais que les peuples de l'Est ont encore aujourd'hui une hantise du communisme et des systèmes qui veulent créer des hommes nouveaux.

Je pense en conclusion qu'il faut intégrer certaines racines du communisme comme l'égalité et la justice sociale mais conserver l'énergie et la liberté capitalistes. Le XXIème siècle sait faire la synthèse des erreurs du XXème.

Eichmann à Jérusalem

Hannah Arendt

Septembre 2025

Hannah Arendt est une auteure que j'apprécie particulièrement. J'avais aimé dans Condition de l'Homme moderne sa profondeur intellectuelle, sa justesse de pensée et son style d'écriture.

Le livre Eichmann à Jérusalem apporte à la littérature existante, mais la satisfaction à le lire est limitée. Ne serait-ce que du fait du caractère sombre du sujet.

Le livre porte sur le procès du criminel nazi Adolf Eichmann jugé en Israël en 1961. Hannah Arendt apporte une retransmission de ce procès avec un regard qui se veut objectif. Elle offre aussi un éclairage sur son histoire et ses actes passés.

Le livre, sans surprise, a été jugé polémique à sa sortie. Hannah Arendt a, à mon sens, l'avantage comme tout bon écrivain de développer une pensée qui lui est propre, avec une indépendance d'esprit forte, et qui cherche la justesse.

Adolf Eichmann est un des principaux organisateurs de la Solution finale. Hannah Arendt, dans le livre, montre bien une vie triste, froide, besogneuse et occupée à monter les échelons de la société sans affect. La philosophe ne le présente pas comme une personne qui prend réellement plaisir à faire souffrir, mais plutôt comme quelqu'un dénué d'émotions, sans empathie, qui ne se pose pas la question du bien et du mal. le bien et le mal ne semblent pas le travailler au fond de lui. Adolf Eichmann n'est ni fou ni spectaculaire dans sa personnalité. Pas de démesure. Juste la norme. Une norme qui devient anormale. D'où le titre La banalité du mal.

En revanche, les conséquences de ses actes sont spectaculaires et l'impact sur les populations juives a été du jamais-vu dans l'histoire humaine. Une question qui revient souvent est : « Pourquoi se sont-elles laissé faire ? » et « Comment cela a-t-il été possible d'arriver à sortir à ce point de la raison ? »

En conclusion, ce livre rappelle le mal causé par le manque de respect des différences, que l'empathie est une valeur humaine fondamentale, et qu'il ne faut pas toujours suivre l'ordre établi. Je trouve magnifique qu'Israël ait pu être créé et devenir si fort aujourd'hui. Israël est un symbole d'espoir et de résilience, et montre que la lumière peut vaincre l'obscurité. Un peuple a transformé ses malheurs en miracle économique et politique. Am Israel Haï. Israël vaincra.

Instincts

Sarah Marquis

Septembre 2025

L'exploratrice Sarah Marquis raconte dans son livre son périple à pied de 3 mois dans l'Ouest sauvage australien : un face-à-face avec la nature.

L'exploration a demandé de nombreux préparatifs mais les choses ne tournent pas comme prévu dès l'arrivée et il faut improviser.

Le début de la marche semble violent en intensité mais on est frappé par la puissance de la nature et un environnement très exigeant.

La beauté est partout et la complexité rend l'aventure faite pour une experte.

Il y a une sorte de vertige à quitter le monde moderne et à se rendre dans une nature faite pour nous mais où l'homme comme les animaux doivent survivre. le livre nous rappelle que la nature demande de se battre pour les ressources et de faire constamment effort. La nature demande de prendre autant que de donner.

Pour Sarah Marquis, il y a un sentiment au cours de cette marche de qui-vive permanent : les serpents, la chaleur, les crocodiles… Dans ces environnements, les choses peuvent se dégrader rapidement.

Mais également on la sent vivre avec intensité et avec courage. Elle donne le meilleur d'elle-même et découvre un des biens les plus précieux : ce qu'elle a en elle.

Elle raconte aussi ce qui l'a amenée à devenir exploratrice. Quand elle était petite, elle allait passer beaucoup de temps dans la forêt, émerveillée par le chant de la nature. Un monde à elle.

Elle possède une belle spiritualité dont des fragments émaillent le livre. Une spiritualité typique d'explorateurs. « Être conscient n'est rien d'autre que de se connecter à l'intelligence globale qui régit l'univers ». « Nous créons tous un arbre de vie avec des millions de branchages interconnectés ». « Chaque être avec qui j'interfère influencera mon prochain pas ». La nature sublime dans laquelle elle évolue n'est qu'une partie d'un immense plan. Nous, Occidentaux, avons un peu perdu du souffle de la spiritualité des Aborigènes où les esprits sont prégnants.

Sarah Marquis parle aussi des nombreux moments où elle suit son instinct, titre de son livre. Elle appelle à sortir de sa zone de confort pour apprendre et dans ces moments elle agit de façon instinctive. Par exemple, pour manger, elle sait instinctivement ce qui est bon pour elle. Elle retrouve une part de l'animal et s'éloigne de la pensée rationnelle. Dans notre monde où l'on veut calculer tous les risques, on oublie que le risque fait partie de l'aventure humaine et est un de ses fruits.

Elle rappelle, à propos du monde numérique, que la vie ne s'expérimente pas qu'avec les yeux mais avec tous les sens et les tripes. Elle retiendra bien plus de ce périple que si elle l'avait vu en image sur le site du National Geographic.

Au final, elle a dû être bien fière d'elle après ce périple et je ressors plein de positivité après cette lecture !

Je connaissais Christian Estrosi pour son engagement politique au sein de la droite française. Proche de Nicolas Sarkozy, j'apprécie son énergie, son charisme et sa combattivité. Il est actuellement maire de Nice. J'ai pu me rendre à Nice il y a un certain nombre d'années et sais la ville gérée avec efficacité. J'avais été frappé par la splendeur de la promenade des Anglais et le bleu azur de la mer.

Le livre Ma ligne bleue est un plaidoyer pour la protection des océans, cet or bleu, mais également l'occasion pour Christian Estrosi de retracer son parcours politique et ses convictions.

Son amour pour l'océan et l'environnement est palpable et il tire cela de ses expériences à Nice mais aussi de sa riche vie politique et de ses voyages. On sent à la fois la beauté de ce que la planète mer a à offrir mais aussi qu'elle est bel et bien en péril.

Je trouve intéressant que les maires prennent à bras-le-corps le sujet de l'environnement. Les territoires ont autant un rôle à jouer que ceux présents à l'échelle nationale et internationale. Un tel sujet doit évidemment faire l'objet d'un effort collectif.

La ligne de Christian Estrosi est clairement teintée de gaullisme. Il prône la grandeur mais aussi l'efficacité et le bon sens.

En racontant son parcours politique, on comprend que Christian Estrosi aime agir et que les discours creux et grands idéaux loin de la réalité ne sont pas dans son coeur. Il raconte les divers résultats qu'il a eus dans sa chère ville de Nice à force de persévérance. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. de petites actions qui s'ajoutent à d'autres mènent, sur des décennies, à des améliorations solides de la qualité de vie des Niçois. On comprend aussi l'attention de tous les instants que la gestion d'une ville doit demander. Des problèmes de difficulté majeure et urgents doivent survenir et appellent des réponses intelligentes. On sous-estime aussi le poids qu'il faut pour porter de telles responsabilités. Je parle tant pour l'auteur que pour les parties prenantes de la ville de Nice.

Sa critique de l'administration publique en général est compréhensible. Les lenteurs et les dysfonctionnements sont nombreux. Cela étant, j'aurais aimé davantage de finesse et de considération pour un secteur qui possède de vrais atouts et apporte tant à la France. L'administration publique fait tenir notre pays.

J'ai apprécié qu'il condamne les discours pessimistes sur le présent et l'avenir. Il faut retrouver une confiance dans le progrès.

Si je devais lui donner un conseil, je lui dirais aussi de s'intéresser davantage aux sujets sociaux et à la réflexion stratégique et intellectuelle.

Mais au final, en conclusion de cette fiche de lecture, je trouve qu'il tient bien sa ligne bleue. À nous de faire de même !

Une de mes ambitions est de devenir peut-être maire un jour et je suis admiratif devant la capacité de changement des élus quand la bonne volonté est là. À force de critiques, on oublie trop souvent le travail qui est fait par les décideurs publics.

Ma ligne bleue : Quand la planète Mer est en feu, l'inaction est un crime

Christian Estrosi

Aout 2025

Le pouvoir de dire non

Dominique de Villepin

Juillet 2025

Dominique de Villepin, fondateur du parti La France humaniste, est candidat à l'élection présidentielle de 2027. Longtemps oublié, il revient avec un nom et une voix ayant un vrai potentiel.

Surnommé le poète, cet homme est de la trempe de la vieille génération des hommes politiques français, à la manière de Chirac ou Sarkozy. Soutenu par sa grande culture et sa personnalité combative et passionnée, il a souvent su tenir des convictions fortes et dire non — comme lors de la guerre en Irak. Il restera toujours associé au ministère des Affaires étrangères et à la culture de la diplomatie.

J'ai trouvé son essai le pouvoir de dire non particulièrement intelligent, juste et lucide sur notre époque. Il fait résonner en moi des valeurs et un positionnement que je trouve mesurés et en phase avec les défis de notre temps. Militant Les Républicains moi-même, il m'arrive souvent d'être à moitié d'accord avec les candidats et leurs propositions. J'apprécie dans mon parti la fermeté, l'ordre et l'amour de la France. C'est un parti courageux qui navigue dans des vents parfois houleux. Mais je trouve souvent que ses propos gagneraient à davantage de valeurs sociales et à moins de dogmatisme. Ce n'est pas le cas avec Dominique de Villepin, qui touche sa cible.

Le constat qu'il dresse sur la société est sombre. Il est très critique vis-à-vis du monde des algorithmes et des réseaux sociaux. L'environnement et les guerres ne laissent rien présager de bon. Notre société se déshumanise, et nous perdons une partie de notre liberté de façon insidieuse. L'humanisme est, selon lui, la réponse à cette perte de sens : un humanisme courageux, qui sait puiser dans son passé et dans le bon sens.

Il se pose en troisième voie. La voie que j'attendais depuis longtemps en politique. Il fustige la démesure des hommes comme Trump ou de l'extrême droite française, qui amènent le chaos dans le monde et essentialisent des pans entiers de la population — semant ainsi le mal au profit de quelques-uns. Il appelle à garder le sens de la mesure, même quand la tentation est grande de devenir radical. Sur le long terme, réagir à chaud aux événements du monde, sans recul ni sagesse, avec la rapidité d'un cheval au galop, malmène un monde qui va trop vite et a besoin de calme et d'harmonie.

Son appréciation des autres cultures est manifeste, et il transmet un message de compréhension de la complexité de l'autre, loin des clichés qui sèment la haine.

Il a aussi l'avantage d'être patriote, d'aimer la France comme on aime une femme. Une France qui doit tenir son rang avec indépendance, et une France qui compte aussi sur l'Europe. Une France portée par un volontarisme fort, qui n'a pas peur d'affronter les sujets difficiles comme l'immigration ou la compétitivité économique.

Dominique de Villepin est fait de gaullisme et de christianisme, de grandeur et de solidarité. Et je pense que cette combinaison est précisément ce dont nous avons besoin dans ce monde parfois tourmenté. Il faut retrouver la fierté d'être français et celle de nos grandes entreprises, tout en gardant notre coeur.

Il appelle à retrouver une culture du temps long, du silence et de l'attention à l'autre. À retrouver le sens du mot politique : résoudre les problèmes de la société. À retrouver le sens du mot culture et à passer des chiffres aux symboles. À retrouver un élan puissant qui parle le langage du progrès et de l'Histoire. À entretenir enfin la puissance napoléonienne qui maitrise les rapports de forces face à monde menaçant. Bref, être maitre de son destin et non subir. Vouloir.

Au final, avec cet essai, Dominique de Villepin oppose la poésie et le souffle à un monde devenu parfois froid et mécanique. Je suis persuadé que notre société, en mal de repères, a besoin d'hommes précisément comme lui.

Tout le monde en regarde (ou presque)

Thérèse Hargot

Juin 2025

Je n'ai pas totalement aimé le livre, car il est d'abord très critique — donc pas assez positif — et ensuite, à mon sens, pas assez ludique.

Cependant, l'autrice, Thérèse Hargot, développe des convictions très instructives, que je partage en partie.

La pornographie est un mal de notre siècle : une grande partie des jeunes, mais aussi des moins jeunes, en regarde.

L'autrice nous montre, à travers cet ouvrage, que cette habitude est loin d'être anodine et peut s'avérer très nocive.

La pornographie est liée à la prostitution. C'est un business qui est tout sauf altruiste. La pornographie éthique n'existe pas.

Les consciences sont malheureusement anesthésiées, et beaucoup ne voient pas la véritable nature du problème.

Notre culture est imprégnée de pornographie. Le trash pornographique est devenu mainstream.

Il faut donc arrêter la pornographie, et ce combat en vaut la peine.

Les relations sont viciées par cette habitude.

Il faut différencier la pornographie — qui est à la sexualité ce que McDonald's est à l'alimentation — de l'érotisme, qui serait alors comparable à la haute gastronomie.
L'érotisme n'est pas fait de violence ni de comportements nauséabonds, mais de tendresse et de force respectueuse chez l'homme, de douceur chez la femme. La pornographie, c'est l'assouvissement de pulsions ; l'érotisme, c'est l'amour.
L'autrice souligne donc les bienfaits d'une sexualité épanouie, mais d'une sexualité belle, qui respecte l'autre et soi-même. La vie se passe très bien de la pornographie.

Le mariage est menacé par la pornographie, car celle-ci nuit à la fidélité.

Au final : « Vous ne vous privez de rien en arrêtant d'en regarder, puisque la pornographie ne vous apporte rien. »

À nous de produire de l'érotisme ; de forger une sexualité splendide.

L’existentialisme est un humanisme

Jean-Paul Sartre

Juin 2025

Ce texte du philosophe star du XXe siècle est ardu, mais très instructif en termes de développement personnel. Je ne l'ai pas beaucoup aimé.

Sartre adopte un ton dogmatique et sûr de lui, et évidemment, toutes ses réflexions ne sont pas bonnes à prendre telles quelles. Il faut que chacun en retire sa propre réflexion.

En lisant ce livre, on est pris de trois sentiments :

Le premier est celui de la liberté, celle de choisir son destin ;

Le deuxième est l'angoisse, celle qui naît quand le choix repose sur nos épaules ;

Le troisième est la nécessité de faire preuve de volonté dans sa vie.

Une des critiques que je fais à Jean-Paul Sartre est le sentiment anti-chrétien perceptible dans l'oeuvre, bien que pas formulé de manière totalement explicite. Je suis favorable au respect et à la considération de toutes les croyances.

Selon Sartre, l'existentialisme est une doctrine qui « déclare que toute vérité et toute action impliquent un milieu et une subjectivité humaine ». Il reproche à certains de trop accorder d'importance à la sagesse des nations, au poids de la force et des traditions.

Sartre affirme également que l'existence précède l'essence. La nature de l'homme, existe avant de surgir dans le monde, mais son essence est définie par son action. L'homme est tel qu'il se veut et tel qu'il se conçoit après l'existence. Il n'est rien d'autre que cela : l'homme est un projet.

Dans ma vie aussi, je suis responsable pour moi et pour tous. Je dois être exemplaire. L'homme est libre, aussi au niveau des valeurs. Il doit inventer l'homme. Sartre rappelle que si les valeurs sont trop vagues ou floues, nous pouvons toujours nous fier à l'instinct et au sentiment. Et le sentiment se construit par nos actes. Il n'y a pas de morale générale.

À partir du moment où les possibilités que je considère ne sont pas rigoureusement engagées par mon action, je dois m'en désintéresser, car aucun dieu, aucun dessein ne peut adapter le monde et ses possibles à ma volonté.

Sartre s'oppose à la mauvaise foi des gens ; ainsi, il n'y a pas d'amour autre que celui qui se construit. Il n'y a pas de génie autre que celui qui s'exprime dans les oeuvres. L'homme courageux est courageux par ses actes. L'homme qui a un sang pauvre n'est pas lâche pour autant : le lâche se fait lâche, et le héros se fait héros. L'existentialisme est donc, selon lui, une doctrine optimiste.

Enfin, pour obtenir une vérité quelconque sur moi, il faut que je passe par l'autre. L'autre est indispensable à mon existence.

À mon sens, la philosophie donnée par Sartre apporte considérablement à la pensée mondiale. Comme toute philosophie, elle apporte une pierre, et doit être combinée à de nombreuses autres. Par exemple, pour ma part, je sais que nous sommes en effet appelés à nous engager, et que nous sommes en partie ce que nous faisons. Il faut du volontarisme, c'est certain.
Cependant, la part qui échappe à notre responsabilité est énorme, et la complexité du monde, ses mystères, contredisent la liberté totale énoncée par Sartre. Nous avons une part de responsabilité dans notre vie, d'où l'angoisse, mais la fortune (le hasard, la destinée) occupe une place aussi grande, voire plus grande. Je pense qu'une partie est déjà en nous et dans le monde avant d'agir. L'essence est aussi présente avant l'action.

Ma vie

Alphonse Gabriele Capone

Juin 2025

Le nom d'Al Capone frappe l'esprit et l'imagination. Il est le symbole du monde du crime et de la prohibition aux États-Unis dans les années 1920.

On l'imagine avec un certain embonpoint, des costumes sur mesure et son chapeau de gangster. On l'imagine avec une assurance qui captive les femmes. On l'imagine incapable de tenir en place, voulant chaque jour plus de conquêtes.

Le roi de Chicago a fait trembler les puissants et possédait un chiffre d'affaires de plusieurs millions de dollars, digne d'une multinationale.

Son intelligence était remarquable et l'a mené très loin. Avec rapidité, tel un Napoléon, il gérait un empire et créait des combinazione exceptionnelles. Pour gérer un tel empire, il fallait affronter des risques permanents pour sa vie, et le château de cartes pouvait s'effondrer à tout moment. L'adversité était extrême. Il disait faire des dépenses folles en téléphone. Depuis sa villa de Palm Beach, tel un trader, il tirait les fils, saisissait les opportunités et donnait les impulsions.

Les États-Unis de cette époque étaient un monde agité. La crise des années 1930 a été violente, mais c'était aussi une terre pleine de fruits à récolter.

On voit dans ses écrits un homme d'action qui pense bien, mais est franchement loin d'être un intellectuel. Il est du côté de l'efficacité, non de la profondeur.

Quand on le lit, son cynisme et son manque d'empathie frappent — tellement frappants que cela en devient presque caricatural. Quand on voit les descriptions de ses actes et des truands, on comprend ce que la haine peut avoir de nauséabond, et ce qu'une vie sans valeurs ni humanisme peut avoir de terne et de triste.

Son amour pour sa femme tout au long de sa vie, ainsi que pour son fils, est néanmoins touchant, de même que sa croyance en Dieu, héritage de ses racines napolitaines.

Son incarcération de huit ans à la prison d'Alcatraz est glaçante, et il n'en menait pas large.

Il l'a dit lui-même à la fin de son livre : que penser des jeunes qui ont grandi dans la misère, avec peu de perspectives, et qui prennent la route du crime ? Quelle est leur part de responsabilité ?

Que penser aussi de la nuée de gens — petits, grands, et très grands — qu'il a corrompus, révélant ainsi l'hypocrisie d'un système ?

Ce texte que je vous livre n'est pas un hommage à Al Capone. Il est bien le symbole du Mal, et la pègre n'est pas quelque chose de beau à soutenir. Mais je retiens néanmoins que, sans assimiler sa volonté d'abuser de la Société, on peut s'inspirer de son sens des affaires, de son instinct presque magique et de son courage. Son ombre est maléfique, mais très puissante.

Manuel du chef : aphorismes

Payot et Rivages

Mai 2025

Ce manuel est composé d'aphorismes prononcés par l'empereur au cours de sa vie.

Churchill disait que lire des citations faisait de bonnes pensées.

Eh bien, les aphorismes de l'empereur présentent en quelques mots des vérités fondamentales.

Napoléon avait un esprit de géométrie exceptionnel, capable de comprendre de façon froide et précise bien plus que le commun des mortels.
Ses capacités exceptionnelles ont permis la venue de son destin. Il est donc bon d'écouter certaines de ses pensées pour édifier sa propre vie. Il va de soi que cet esprit, qui a dominé toute l'Europe pendant un temps, possédait une manière de voir les choses extrêmement profonde.

Il faut noter que son cynisme et parfois son manque de morale sont notables. Mais l'histoire est parfois faite pour être observée sans jugement et en tirer la sève pour sa propre vie.

Je suis frappé positivement par la capacité de Napoléon à penser de manière lucide à propos des hommes et des événements. En quelques mots, il a la précision du mathématicien et l'efficacité du militaire. Ses jugements sont parfois très durs et manquent d'humanité, mais ont l'avantage de coller aux réalités et à la pratique. C'est la pensée rationnelle par excellence, une pensée qui permet de bâtir sur des positions solides et d'obtenir de grands résultats. Rappelons le brio que devait nécessiter l'organisation des campagnes militaires ainsi que la gestion de l'empire. L'empereur voyait tout et savait tout.

À l'heure actuelle, nous avons tout intérêt à nous inspirer de grands stratèges comme Napoléon, car loin de la pensée unique, ils nous permettent de faire de notre vie une vie organisée et équilibrée. L'ordre et l'énergie de conquête ont forgé la France autant que la sagesse de Saint Louis et de Charles de Gaulle.

Au final, je ne citerai que trois aphorismes de lui en guise de conclusion :

« le plus beau titre sur la terre est d'être né Français. »

« L'esprit d'un bon général devrait ressembler, pour la clarté, au verre d'un télescope de campagne. »

« La science militaire est le calcul des masses sur des points donnés. »

La guerre secrète de Napoléon

Pierre Branda

Mai 2025

Napoléon effectue, au début de l'année 1814, une campagne de France marquée par une combattivité extrême et un sens stratégique et tactique exceptionnels.
Malgré une mobilisation massive, il se bat en situation de nette d'infériorité numérique contre les coalisés et en France. Il remporte de nombreuses batailles, avec des retournements de situation à couper le souffle. Sous tension mais plein d'énergie, son esprit puissant et son oeil d'aigle captent mieux que ceux de ses adversaires. Il réussit à amener ses troupes épuisées, parfois aux cris de « Vive l'Empereur ! », à un dépassement inédit dans l'histoire militaire. Mais la situation finit par lui échapper, et ses maréchaux font défection. Il signera, abattu, sa chute à Fontainebleau.

Il traverse la France pour son exil vers l'île d'Elbe, sous la peur constante d'un assassinat, au milieu d'une foule souvent franchement hostile.

À l'île d'Elbe, le voilà souverain d'un territoire lové entre la Corse et l'Italie. C'est une île qui lui a sans doute rappelé sa terre natale.
Petit coin de paradis méditerranéen, elle est propre à réchauffer le coeur d'un homme alliant réflexion froide, calcul, mais aussi parfois élan passionné, tout latin.
Il y restera moins d'un an, mais y apportera des changements profonds, dignes des administrateurs romains. Il se fait bâtisseur et y apporte progrès et ordre. Citons les routes, la réforme fiscale locale, la rénovation du port de Portoferraio. Il est toujours bon d'avoir un Napoléon dans son pays.

Mais ce passage à l'île d'Elbe lui serre le coeur : abandon de sa femme, abandon de ceux qui l'ont servi, et abandon enfin des puissances qui le voient comme un volcan menaçant au large du continent. Les espions grouillent sur l'île.

Prenant conscience que son avenir est menacé et qu'il faut agir, il décide de planifier un retour en France. Ses ennemis s'attendent à un débarquement ailleurs : il ira en France.
À la voix du vainqueur d'Austerlitz, un plan s'échafaude secrètement. Il s'est battu contre l'hiver russe, il a dirigé l'Europe entière — il en est donc capable.

Il partira avec une force de 1 000 hommes, disant adieu à une part de sa vie. Il part vers son destin, l'oeil résolu.

Durant la traversée qui le mène à la France, il échappe aux forces ennemies avec une chance presque divine.

Il débarque dans le sud de la France, puis, petit à petit, remonte vers Paris et ses forces grossissent. Louis XVIII n'a pas vu le coup venir. Pour lui, Napoléon était bel et bien de l'histoire ancienne. On ne conquiert pas la France à soi tout seul…

Mais impossible n'est pas français. Les aigles volent de clocher en clocher jusqu'à Notre-Dame. Napoléon est revenu. Paris l'acclame. L'âme de la France vibre.

Ce livre est donc un ouvrage à lire, pour la qualité et la rigueur de sa recherche, et pour son analyse profonde d'un homme complexe.

Égypte mon amour

Christian Jacq

Mai 2025

Christian Jacq, égyptologue et romancier, est celui adolescent qui m'a vraiment fait découvrir l'Egypte avec sa série sur Ramsès.

Je n'ai pas trouvé ce livre particulièrement bien. Je m'y suis ennuyé et le livre est trop éthéré et d'une spiritualité un peu lourde et truffée de symboles.

Cela étant, il reste instructif pour plusieurs raisons.

Bien que je n'aime pas quand les oeuvres s'écartent trop de la raison, Christian Jacq y montre son amour pour l'Égypte mais surtout pour son ésotérisme et ses symboles.

À mon sens, voir l'Egypte uniquement sous le prisme ésotérique c'est manquer beaucoup de choses d'une civilisation qui a bâti sur des bases solides. Je pense aux pyramides, au système social et administratif ou à l'armée.

Je reconnais néanmoins qu'en tant qu'occidental on gagne à s'intéresser à l'Orient, dans ses affres et sa puissance.

N'oublions pas que le pouvoir royal égyptien mêle attributs terrestres et spirituel. À titre d'exemple, le pharaon était sain de l'uraeus, coiffe avec un cobra ayant pour but de le protéger contre ses ennemis. La société portait en elle par le sacré de la grandeur, presque vertigineuse. Dans les yeux des égyptiens devait se lire la crainte du monde invisible et de l'au-delà. La vie est un cheminement qu'on sculpte comme une pierre et fait d'épreuves puis de joie.

Nous même, on doit autant utiliser la raison que l'intuition comme Christian Jacq au cours de sa vie. de même Champollion qui a déchiffré les hiéroglyphes a semblé réussir en partie par la passion et la persévérance et non de manière froide.

Enfin, Christian Jacq nous rappelle que l'intelligence artificielle est par définition artificielle et que dans un monde du tout virtuel il faut retrouver la magie.

« Je pense à toi, Myrtho, divine enchanteresse. À ton front inondé des clartés d'Orient », a dit Gérard de Nerval.

Mission A.D.N.

Jean Cueilleron

Septembre 2025

Mission A.D.N. est un de mes livres préférés. Sa première lecture remonte aux années collège et j’avais pu me plonger dans une belle histoire. Il avait fait travailler à plein régime mon imagination. 

Preuve que je n’ai pas totalement changé depuis mes années lycées, le livre m’a apporté un plaisir important et m’a fait réfléchir. 

Le livre se passe en France à l’époque moderne. Conscient du risque nucléaire et du potentiel de destruction,  le gouvernement décide de construire une base souterraine de survie dans le Larzac. Cette base nommée l’Arche doit accueillir en cas de bombardement nucléaire des centaines d’adolescent accompagnés de leaders adultes. Ils participeront à la sauvegarde de la vie humaine, d’où le titre mission A.D.N. D’autres bases sont construites dans d’autres pays européens comme Gamma en Allemagne. 

Cette base se construit avec grand soin et est très bien pensée (agencement des pièces, générateur d’électricité, approvisionnement en eaux, système anti-radiation, profondeur adéquate, etc.). Les adolescents sont formés et instruits sur le modèle du scoutisme de Baden-Powelll. Ils évoluent en équipe avec des leaders, des valeurs morales et une émulation positive. La débrouillardise, l’esprit d’équipe et le courage sont des valeurs centrales. 

Après un certain temps, les tensions entre la France, ses alliés et des pays voyous deviennent très fortes. L’orage est dans l’air et elle vient d'être menacée dans son intégrité territoriale. Des bombardements sur une base lunaire militaire crée le grand évènement : l’Alerte Rouge. Des missiles nucléaires se dirigent vers divers points du monde, dont la France. Les membres de la mission A.D.N. sont alors sommés de descendre dans l’Arche. 

Les adolescents et les adultes assistent alors en sécurité sous terre à la destruction partielle du monde extérieur. Ils réussissent par une discipline toute militaire à réagir avec calme et rationalité. 

Viendra ensuite le temps de la Terre promise. Ils s’aventureront à l’extérieur dans une terre dévastée recelant de dangers. Leur survol dans un vieux, mais efficace hélicoptère Puma de la France est très épique. Des enfants naitront, des adolescent devenu grands et fruit d’un sain amour plein de tendresse. Ils n’ont plus qu’à vivre avec puissance les aventures qui les attendent. 

Au final l’auteur Jean Cueilleron nous fait voyager dans un monde dystopique mais où la force des liens et de l’organisation humaine permet de faire accoucher l’ordre et la beauté du chaos. 

La Gloire de mon père

Marcel Pagnol

« Je suis né dans la ville d'Aubagne, sous le Garlaban couronné de chèvres, au temps des derniers chevriers », écrit-il au début du roman.

La Gloire de mon père de Marcel Pagnol est un vieux souvenir terne d'enfance. J'avais en effet vu le film le Château de ma mère, que j'avais à l'époque peu aimé. Il avait un goût amer d'ancien et de jeunesse trop éthérée.

Je me suis plongé récemment, à l'occasion d'un club de lecture, dans La Gloire de mon père. le petit livre possède une très belle illustration de Sempé, où l'on voit le fils revenant de la forêt, acclamé, et le père en arrière-plan, plein de joie.

La Gloire de mon père est un bel hommage au sud de la France, mais aussi au monde de l'enfance.
Ayant eu une enfance heureuse, je me suis reconnu dans les aventures de l'enfant.

La Gloire de mon père, c'est bien sûr l'enfant qui est la gloire de son père, mais aussi le père qui mérite la Gloire — aux mêmes titres que les grandes gloires de la France.

La langue est délicieuse et très poétique. On sent que chaque phrase et chaque événement ont été pensés pour parvenir à la beauté et à la sérénité.

La famille part à La Treille, dans une maison de vacances, et le cadre comme l'ambiance sont idylliques. Cela m'a rappelé les veillées dans les bois, lors de mes années de scoutisme adolescent, ainsi que les après-midi d'été dans le château de ma grand-mère.

L'enfant, allant contre la volonté des adultes, décide de se rendre à la chasse. Il veut rejoindre les adultes, dont son père. Son périple, seul dans la nature, sera plein d'aventures et de peurs. On sent ce monde de l'innocence, où la vie semble enchantée. Chaque arbre, chaque animal, chaque émotion présente une âme et une terre inconnue à conquérir.

Ce livre est aussi un rappel au lecteur qu'il faut acquérir « l'esprit du dimanche ». Le dimanche, jour du Seigneur, doit être celui du repos, de la famille et du loisir dans la joie.

Marcel Pagnol écrit ce livre avec un humour qui affleure entre les lignes, et porte un regard empreint de pureté. On revit l'harmonie qui régnait en Provence dans les années 1920.

Mai 2025

Stella et l’Amérique

Joseph Incardona

Avril 2025

C'est un livre très provocateur qui suit les pas de Stella, jeune femme prostituée en Amérique. Une jeune femme au charme fou et à la belle plastique. Une jeune femme qui est aussi une sainte et guérit les malades au moyen des plaisirs de la chair. On suit sporadiquement également les pas d'hommes et de femmes dans toute leur misère, leurs vices et leur laideur. L'atmosphère est absurde.

Seulement, le livre est ouvertement anti-religion, cynique et clairement sarcastique. La vulgarité, à tous niveaux, y est prégnante. Nombre de phrases sont des critiques directes de références chrétiennes ou sinon de ce qui donne du sens et de la grandeur à notre société.

Bien qu'animé par des convictions fortes et très idéaliste, je ne situerais pas ce livre comme dénué de valeur. Ce n'est pas mon livre préféré mais il apporte de la détente, une vision critique intéressante et une compréhension des dérives que l'excès de religion, d'idéalisme et d'écart par rapport à la réalité brute peut engendrer. Il y a une liberté de ton qui rappelle l'Amérique profonde. L'Amérique des stations-service, des mobile homes et des films hollywoodiens.

J'ai apprécié dans ce livre la sensualité et la mise en valeur de la beauté des femmes, une beauté du quotidien. Par exemple, quand les gestes de Stella sont décrits avec précision et de façon crue dans des moments banals, comme triturer ses cheveux ou se baigner nue, est décrit un pan de la vie trop souvent oublié des écrivains car jugé pas assez poétique. Mon avis très personnel est que la « putain » Stella, malgré sa volonté de jouir sans entraves, conserve une part d'innocence. J'ai aussi trouvé que les traits d'humour noir étaient intelligents car originaux et recherchés. À l'heure de l'intelligence artificielle, ce livre est bien humain et porte en lui plus de philosophie que l'auteur ne voudra bien l'admettre.