Voyage au cœur de l’Histoire et de notre temps
« Nous sommes assis sur des épaules de géants. Dans l’éclat de nos regards, je retrouve celui de nos ancêtres, comme nos pas seront prégnants dans l’esprit de nos descendants. »
Cet essai publié aux Éditions Maïa est un travail de recherche historique, philosophique et sociétale ayant mobilisé 600 sources érudites. Avec lyrisme, il se plonge dans les faits saillants qui animent nos temps modernes et ce que nous vivons tous en nous. Avec nostalgie, mon regard se tourne également vers notre belle histoire et ce qu’elle nous a légué pour affronter cette époque. Comme un manuel, il est composé d’une myriade de thèmes du passage du temps aux réseaux sociaux en passant par la France. Manuel, où enfin au fil de la démonstration mes expériences de vie fortes apportent émotions et profondeur.
Chapitre : Percevoir la Vie
ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY dans Pilote de Guerre aura des mots que j’aime. Il parlait des raisons qui le poussent lui et ses camarades à combattre en tant que pilote.
Les Français tentaient de se défendre face à l’invasion allemande. Voici ces mots : « Il est une vérité plus haute que les énoncés de l’intelligence. Quelque chose passe à travers nous et nous gouverne, que je subis sans le saisir encore. Un arbre n’a point de langage. Nous sommes d’un arbre. Il est des vérités qui sont évidentes, bien qu’informulables. »*
Suite à cette lecture et une escapade de deux jours dans la charmante ville de Bruges en Belgique, je me suis fait une réflexion en possédant des accents similaires bien que m’étant propre.
Notre perception de la vie et de ce qui nous entoure est très limitée. Des nouvelles expériences, des rencontres ou des chemins de vie vont élargir nos capacités de perception et l’on tiendra pour vrai la présente perception et abandonnera celle du passé. Mais je pense aussi que malgré les déficiences de notre entendement, nous sommes capables de sentir sans pouvoir y mettre des mots ou un raisonnement intelligible des niveaux de perception supérieurs.
À Bruges, petite Venise du Nord qui fut un temps fort riche et prospère et brilla tant par le commerce que par l’art et la culture, je perçois des styles d’architecture, des tableaux, des statues, bref des traces de son apogée du XIIe au XVe siècle. J’ai des indices qui me permettent de distinguer un monde, un système. Mais je sais qu’avec une perception supérieure je verrais plus que juste des pierres et des canaux, je pourrais lire entre les lignes de code et voir dans mon esprit avec netteté, comme une explosion de couleurs, d’odeurs et de mouvements, la vie d’un peuple, la vie des commerçants, des prostituées, des peintres de cette cité si profonde.
Nous sentirions les colliers de perles et la douceur de la peau des femmes de riches marchands. Mais je n’ai pas cette perception et personne dans ce monde n’en a une si grande pour imaginer et concevoir avec tant de puissance. Cependant, nous sentons qu’une force nous dépasse en marchant dans ces rues et nous nous laissons séduire avec calme et abandon. Je me laisse submerger par une histoire plus grande que moi. Il n’est pas forcément nécessaire de tout savoir et de tout comprendre.
* Saint-Exupéry A. Pilote de guerre. France : Gallimard ; 1942.